Mounjaro® (tirzépatide)
L’ensemble des documents de référence pour Mounjaro (le résumé des caractéristiques du produit (RCP), la notice, l’ensemble des avis de transparence et, le cas échéant, les manuels d'utilisation ou la Fiche d’information thérapeutique) est disponible et consultable en ligne
Ces éléments d’information sont fournis en réponse à votre question d’information médicale et peuvent contenir des données ne faisant pas partie des indications validées dans nos autorisations de mise sur le marché. Pour une information complète, se reporter au Résumé des Caractéristiques du Produit.
Mounjaro® (tirzépatide) peut-il être utilisé chez les patients atteints de pathologies thyroïdiennes ?
L’augmentation de la calcitonine sérique est un effet indésirable connu du tirzépatide. Vous trouverez ci-dessous les informations les plus récentes ainsi que l’état actuel des connaissances sur le tirzépatide et les pathologies thyroïdiennes.
Sommaire
- Le tirzépatide présente-t-il des effets indésirables touchant la thyroïde ?
- Qu’indiquent les données de sécurité préclinique ?
- Que savons-nous grâce aux études cliniques SURPASS-1 à 5 ?
- Que dit l’article de Diabetes Care sur le risque de cancer de la thyroïde avec le traitement ciblant le GLP-1 ?
- Y aurait-il un lien avec l’embryologie de la thyroïde ?
- Déclaration des événements indésirables
Le tirzépatide présente-t-il des effets indésirables touchant la thyroïde ?
Qu’indiquent les données de sécurité préclinique ?
Une étude de carcinogénicité sur 2 ans a été menée avec le tirzépatide chez des rats mâles et femelles à des doses de 0,15, 0,50 et 1,5 mg/kg (soit 0,12, 0,36 et 1,02 fois la dose maximale recommandée chez l’homme [DMRH], basée sur l’ASC) avec une administration par injection sous-cutanée deux fois par semaine. Le tirzépatide a provoqué une augmentation des tumeurs des cellules C de la thyroïde (adénomes et carcinomes) à toutes les doses par rapport aux témoins. La pertinence de ces résultats pour l’homme est inconnue.1
Dans une étude de carcinogénicité de 6 mois chez des souris transgéniques rasH2, le tirzépatide à des doses de 1, 3 et 10 mg/kg administrées par injection sous-cutanée deux fois par semaine n’a entraîné aucune augmentation de l’incidence des hyperplasies des cellules C de la thyroïde ou des néoplasies, quelle que soit la dose administrée.1
Les données établissant un lien entre les tumeurs des cellules C de la thyroïde et le traitement par le tirzépatide ou un médicament de la famille des agonistes des récepteurs du GLP-1 sont principalement issues d’études non cliniques. Les taux d’expression des récepteurs du GLP-1 sur les cellules C thyroïdiennes diffèrent selon les espèces, le rat présentant des taux d’expression élevés tandis que l’être humain et le singe présentent des taux d’expression faibles.2,3 Aucune modification des cellules C thyroïdiennes n’a été observée dans les études menées sur le singe avec le tirzépatide, ce qui est cohérent avec l’absence d’effet chez les singes observé avec les agonistes des récepteurs du GLP-1.2,4
Que savons-nous grâce aux études cliniques SURPASS-1 à 5 ?
La méthodologie et les résultats des études cliniques SURPASS-1 à 5 sont décrits dans la rubrique 5.1 Propriétés pharmacodynamiques du résumé des caractéristiques du produit (RCP) du produit.1
Les patients étaient exclus des études cliniques SURPASS-1 à 5 s’ils
- présentaient des antécédents personnels ou familiaux de cancer médullaire de la thyroïde (CMT) ou de néoplasie endocrinienne multiple (NEM) de type 2
- présentaient des antécédents personnels d’une affection maligne active ou non traitée ou étaient en rémission d’une affection maligne cliniquement significative (autre qu’un carcinome épidermoïde ou basocellulaire cutané, un cancer in situ du col de l’utérus ou un cancer in situ de la prostate) depuis moins de 5 ans
- présentaient, de l’avis de l’investigateur, des signes d’une anomalie endocrinienne significative et non contrôlée (p. ex. thyrotoxicose ou crises surrénaliennes);
- présentaient un taux de calcitonine sérique ≥ 35 ng/l.5-9
Aucune variation cliniquement pertinente des taux moyens de calcitonine n’a été observée, et aucun cas d’hyperplasie ou de cancer médullaire de la thyroïde n’a été rapporté dans les 5 études SURPASS.5-9
Pour les maladies rares, telles que de nombreux cancers présentant des périodes de latence longues, la base de données est trop petite et la durée de l’exposition trop courte pour conclure de manière définitive qu’il n’y a pas d’augmentation du risque d’affection maligne. Eli Lilly and Company poursuivra son évaluation soigneuse des affections malignes dans les études en cours et continuera à évaluer le risque sur la base des cas et de l’exposition post-commercialisation.3
Que dit l’article de Diabetes Care sur le risque de cancer de la thyroïde avec le traitement ciblant le GLP-1 ?
Une publication récente évaluant l’incidence du cancer de la thyroïde chez des patients auxquels certains agonistes des récepteurs du GLP-1 ont été prescrits à partir de l'étude d'une base de données de dossiers médicaux a identifié une augmentation du risque de tous les cancers de la thyroïde et de CMT. La pertinence de ces résultats pour l’utilisation de tirzépatide est inconnue. 10
Le 10 novembre 2022, Diabetes Care a publié un article intitulé « GLP-1 Receptor Agonists and the Risk of Thyroid Cancer » (agonistes des récepteurs du GLP-1 et risque de cancer de la thyroïde). Cette publication porte sur les résultats d’une analyse de l’utilisation des agonistes des récepteurs du GLP-1 et du cancer de la thyroïde chez des patients traités pour un diabète de type 2 en France.10
À l’aide d’un échantillon relativement large issu d’une base de données représentative à l’échelle nationale, cette publication présente une mesure quantitative de l’association indiquant un risque accru de cancer de la thyroïde et de CMT avec les agonistes des récepteurs du GLP-1. Les auteurs mettent en évidence l’association entre le traitement par les agonistes des récepteurs du GLP-1, en particulier après une durée de traitement d’1 à 3 ans , et l’augmentation modérée du risque de tous les cancers de la thyroïde et de CMT. Les résultats n’apportent pas de données concluantes concernant un lien de causalité entre l’exposition à des agonistes des récepteurs du GLP-1 et le cancer de la thyroïde, dont le CMT, et doivent être confirmés dans le cadre d’autres études en raison de leurs limites importantes, notamment un éventuel biais de détection surestimant l’incidence des cancers de la thyroïde et du CMT. Les cliniciens et les patients doivent continuer à évaluer le rapport bénéfice/risque du traitement par agonistes des récepteurs du GLP-1 pour chaque patient.10
Y aurait-il un lien avec l’embryologie de la thyroïde ?
Les cellules C thyroïdiennes, également appelées cellules parafolliculaires, et les cellules folliculaires ont des origines embryologiques différentes. Les cancers de la thyroïde différenciés, notamment les cancers papillaires et folliculaires, se développent à partir des cellules folliculaires et représentent > 90 % des affections malignes de la thyroïde, tandis que le CMT se développe à partir des cellules C et représente 1 à 2 % des affections malignes de la thyroïde.11,12
Les cellules folliculaires sont les cellules prédominantes dans la thyroïde. Elles se développent sous la forme d’une croissance vers le bas de l’endoderme médian des premières et deuxièmes poches pharyngées et sécrètent les hormones thyroïdiennes.3,13
Il était auparavant admis que les cellules C de la thyroïde dérivaient de la crête neurale. Cependant, des données plus récentes semblent indiquer que ces cellules se différencient directement à partir des cellules des corps ultimobranchiaux, qui ont leur origine dans les quatrièmes poches pharyngées.14
Déclaration des événements indésirables
La déclaration des effets indésirables suspectés après autorisation du médicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bénéfice/risque du médicament. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté via le système national de déclaration.1
References
1Mounjaro [résumé des caractéristiques du produit]. Eli Lilly Nederland B.V., Pays-Bas.
2Bjerre Knudsen L, Madsen LW, Andersen S, et al. Glucagon-like peptide-1 receptor agonists activate rodent thyroid C-cells causing calcitonin release and C-cell proliferation. Endocrinology. 2010;151(4):1473-1486. http://dx.doi.org/10.1210/en.2009-1272
3Données internes. Eli Lilly and Company et/ou l’une de ses filiales.
4Vahle JL, Byrd RA, Blackbourne JL, et al. Effects of dulaglutide on thyroid C cells and serum calcitonin in male monkeys. Endocrinology. 2015;156(7):2409-2416. http://dx.doi.org/10.1210/en.2014-1717
5Rosenstock J, Wysham C, Frías JP, et al. Efficacy and safety of a novel dual GIP and GLP-1 receptor agonist tirzepatide in patients with type 2 diabetes (SURPASS-1): a double-blind, randomised, phase 3 trial. Lancet. 2021;398(10295):143-155. https://doi.org/10.1016/S0140-6736%2821%2901324-6
6Frías JP, Davies MJ, Rosenstock J, et al; SURPASS-2 Investigators. Tirzepatide versus semaglutide once weekly in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med. 2021;385(6):503-515. https://doi.org/10.1056/NEJMoa2107519
7Ludvik B, Giorgino F, Jódar E, et al. Once-weekly tirzepatide versus once-daily insulin degludec as add-on to metformin with or without SGLT2 inhibitors in patients with type 2 diabetes (SURPASS-3): a randomised, open-label, parallel-group, phase 3 trial. Lancet. 2021;398(10300):583-598. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)01443-4
8Del Prato S, Kahn SE, Pavo I, et al; SURPASS-4 Investigators. Tirzepatide versus insulin glargine in type 2 diabetes and increased cardiovascular risk (SURPASS-4): a randomised, open-label, parallel-group, multicentre, phase 3 trial. Lancet. 2021;398(10313):1811-1824. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)02188-7
9Dahl D, Onishi Y, Norwood P, et al. Effect of subcutaneous tirzepatide vs placebo added to titrated insulin glargine on glycemic control in patients with type 2 diabetes: the SURPASS-5 randomized clinical trial. JAMA. 2022;327(6):534-545. https://doi.org/10.1001/jama.2022.0078
10Bezin J, Gouverneur A, Pénichon M, et al. GLP-1 receptor agonists and the risk of thyroid cancer. Diabetes Care. 2023;46(2):384-390. https://doi.org/10.2337/dc22-1148
11Haugen BR, Alexander EK, Bible KC, et al. 2015 American Thyroid Association management guidelines for adult patients with thyroid nodules and differentiated thyroid cancer: the American Thyroid Association guidelines task force on thyroid nodules and differentiated thyroid cancer. Thyroid. 2016;26(1):1-133. https://doi.org/10.1089/thy.2015.0020
12Wells SA Jr, Asa SL, Dralle H, et al. Revised American Thyroid Association guidelines for the management of medullary thyroid carcinoma. Thyroid. 2015;25(6):567-610. https://doi.org/10.1089/thy.2014.0335
13Doherty GM, eds. Current Diagnosis & Treatment: Surgery, 15e. McGraw-Hill; Accessed December 15, 2020. https://accessmedicine.mhmedical.com/content.aspx?bookid=2859§ionid=242155615
14Johansson E, Andersson L, Örnros J, et al. Revising the embryonic origin of thyroid C cells in mice and humans. Development. 2015;142(20):3519-3528. https://doi.org/10.1242/dev.126581
revue le: 08 mai 2023